On le sait peu, mais Christian Dior avait un goût prononcé pour la cartomancie. Il commença d’ailleurs son autobiographie “Christian Dior et moi”, parue en 1956, par ces mots : “Je serais bien ingrat, surtout bien inexact, si je n’inscrivais en capitales le mot ‘hasard’ au début de mon aventure. Celle-ci ayant été heureuse dans sa conclusion m’amène, par devoir de reconnaissance, à proclamer ma fidélité aux diseuses de ‘bonne aventure’.”
Sans doute pensait-il alors à ce jour (il avait 14 ans) où il participait à une kermesse, déguisé en gitan. Une cartomancienne lui tire les cartes : “Vous vous trouverez sans argent, mais les femmes vous sont bénéfiques et c’est par elles que vous réussirez”. Prédiction on ne peut plus juste, qui sans doute le marqua pour la vie. Suffisamment en tout cas pour que ce soit à nouveau une voyante, madame Delahaye, qui eut raison de ses hésitations en 1946, lorsque Marcel Boussac lui proposa de reprendre la maison de couture ‘Philippe et Gaston’. “Acceptez, lui dit-elle, acceptez ! Vous devez créer la maison Christian Dior ! Quelles que soient les conditions de départ, tout ce que l’on pourra vous offrir plus tard ne se compare pas à la chance d’aujourd’hui”.
Il accepta, donc, mais à une condition : que cette maison de couture porte son nom.
Le personnel de la maison de couture de l’avenue Montaigne connaissait bien Madame Delahaye, celle que l’on surnommait “dame Astrologie”. Aucune décision importante n’était validée sans qu’elle ait donné son avis.
Un court-métrage onirique en guise de défilé, et une ode au Tarot.
Dans la situation sanitaire que nous connaissons, il était impensable que la maison Christian Dior réalise le traditionnel défilé de mode dont les images font le tour de la Terre chaque année depuis plus de 70 ans. Pour sortir d’une crise, quelle qu’elle soit, la première chose à faire est le plus souvent de revenir aux origines du mythe. L’équipe de la maison Christian Dior a donc choisi de mettre en exergue ce qui a été le fil conducteur du fondateur : l’attention portée à la divination. Et à défaut de réaliser un défilé éphémère, ils ont conçu ce film onirique, qui fait déjà le tour de la Terre, lui aussi, et le fera sans doute encore longtemps, grâce à Internet.
À lire : Christian Dior, de Marie-France Pochna (aux éditions Flammarion, 1994), et l’article d’Emmanuelle Bosc dans l’Officiel : « Christian Dior et l’art divinatoire » (https://www.lofficiel.com/fashion/ne-sous-une-bonne-etoile)
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