L’épidémie mondiale de Covid-19 a été cause de souffrance et même de mort pour des millions d’individus dans le monde. Elle n’a pas épargné nos sociétés, obligeant les États à recourir à des protections inédites. Et les entreprises en ont aussi souffert, nombre d’entre elles disparaissant.
En France l’intervention de l’État a été plus que chaotique. Puisque je viens ici vous parler des conséquences de cette intervention sur la vie des éditions Aquilonia, je m’en tiendrai à l’évocation de quelques décisions gouvernementales et à leurs conséquences.
Aquilonia a été la structure éditoriale de FIDEI, acronyme signifiant « Fabrication en Imprimerie, Documentation, Édition, Internet ». Parmi les décisions prises par le gouvernement français, il en est deux qui ont scellé l’avenir de l’entreprise : d’abord le confinement de la population, entraînant la fermeture des restaurants et l’interdiction de tout regroupement, en particulier la tenue de salons ; puis la distribution d’aides financières à 180 catégories d’entreprises, dont une seule catégorie d’imprimeries assez curieusement décrites comme « travaillant à plus de 50 % pour les ORGANISATEURS de salons ». Personnellement je ne connais AUCUNE imprimerie entrant dans ce cadre. En revanche FIDEI a perdu le quart de sa marge réalisée habituellement auprès d’EXPOSANTS, un autre quart par l’impossibilité pour Aquilonia de vendre ses livres dans les salons, enfin un troisième quart de la perte de marchés d’impression d’étiquettes pour des conditionnements de préparations alimentaires destinées aux restaurants.
Fin 2020 l’entreprise était exsangue. Ayant perdu la quasi-totalité de ses marchés d’imprimerie, son activité principale était devenue, par défaut, l’édition, grâce à nos ventes dans 26 pays. Aquilonia n’était plus en mesure de publier de nouveaux titres, faute de fonds propres suffisants. C’est alors que l’État ouvrit une porte : l’offre d’un prêt dont l’amortissement était reporté après la crise, et d’une subvention accordée aux libraires et éditeurs. J’avais à choisir entre le renoncement et la liquidation de l’entreprise, ou bien le combat.
Je choisis d’accepter le prêt garanti par l’Etat (PGE), tandis qu’une subvention surréaliste correspondant à « 80 % de la différence entre le chiffre d’affaires mensuel moyen des entreprises 2021 comparé à celui de 2019 » allait enrichir certains.
Ainsi une crêperie ouverte seulement durant l’été et faisant, entre le premier juin et le 15 novembre, 150 000 € de chiffre d’affaires et 30 000 € de résultat, se voyait attribuer une subvention mensuelle de 10 000 € (soit 80 % de 150 000 € divisé par 12 mois, moins zéro de CA en 2019 puisque cette crêperie est habituellement fermée de janvier à mai), soit 50 000 € de subvention nette d’impôts, avant de reprendre en juin une saison avec un résultat potentiel de 30 000 €, comme à son habitude. En revanche pour FIDEI-AQUILONIA, la situation fut bien différente, puisque l’aide reçue fut amputée du montant de la retraite de son dirigeant ! Oui, vous avez bien lu : le gouvernement français, dans une confusion interdite à tout chef d’entreprise entre patrimoine personnel et professionnel, qualifiée d’abus de biens sociaux, le gouvernement a estimé qu’un chef d’entreprise pouvait sacrifier sa retraite, si maigre soit-elle, pour renflouer une entreprise. Je connais des retraité(e)s qui complètent par leur travail une très petite retraite, et ont été ainsi privés d’un complément de revenu indispensable.
Au final, la promesse d’un renouveau s’effaçait pour FIDEI-AQUILONIA, et il ne restait qu’une dette remboursable après la crise. L’année 2021 fut donc difficile, soutenue par le montant du prêt reçu, insuffisant pour permettre de nouvelles publications.
Un nouveau coup vint frapper le site Aquilonia.fr le 9 décembre 2021 : la faille Log4Shell sur les serveurs informatiques de type Apache favorisa un piratage du site et m’obligea à en décider la fermeture. Dans l’impossibilité d’en financer la reconstruction, ce n’est qu’en mars 2023 que j’ai pu en réaliser un autre avec mes modestes connaissances de WordPress.
L’année 2022 s’est soldée par une perte au bilan, pour la première fois depuis la création de l’entreprise 11 ans plus tôt. L’année 2023 s’ouvrait sur le remboursement mensuel du prêt accordé par l’Etat en 2020. Ainsi, tout progrès en chiffre d’affaires se voyait anéanti par le remboursement mensuel de ce prêt, malgré le succès remporté par le livre « Manifeste 2023 : résurgence de la Rose-Croix » du Collège Invisible de France paru en mars. En juillet, pour la première fois depuis sa création, l’entreprise présentait un découvert bancaire qui s’est creusé de mois en mois, du seul fait de ce remboursement. Impossible alors d’engager les travaux préparatoires à la publication du tarot de Papus et de l’ouvrage l’accompagnant, ainsi que du tarot et du livre de Falconnier, promis tous deux au même succès que l’édition du Tarot des Imagiers du Moyen-âge en 2019. J’ai demandé un report de 6 mois à la banque qui ne m’a laissé aucun espoir : la BRI, établissement de l’Etat qui gère les PGE, leur refusant systématiquement tout report d’échéance aux entreprises « présentant des signes de difficultés ». On ne prête qu’aux riches…
Dans cette situation, il ne restait pas d’alternative à la liquidation. Celle-ci fut prononcée par le Tribunal le 22 septembre dernier, le mot de la fin revenant au Président du Tribunal qui commenta l’attitude de la BRI en ces mots : « ils préfèrent tout perdre ». Il s’agit bien sûr de notre argent, à nous contribuables.
Mais j’avais anticipé cette fin inéluctable en me rapprochant de WYAT LLC, une société américaine avec laquelle j’avais publié en août 2020 une édition en anglais de l’Introduction à l’étude du tarot d’Oswald Wirth. Son directeur a non seulement accepté de reprendre le fonds de livres des éditions Aquilonia, il m‘a aussi demandé de mettre en place une succursale européenne de WYAT LLC, ce que j’ai fait ces deux dernières semaines. Par conséquent, je reste aux commandes d’Aquilonia, et les projets de ces dernières années vont enfin pouvoir sortir des cartons à dessin.

Aquilonia renaît donc, et s’appelle désormais AQUILONIA EDITIONS.
ET LES TRAVAUX ONT REPRIS AVEC FORCE ET VIGUEUR !
J’aurai l’occasion de vous parler du TAROT ASTROLOGIQUE de Georges Muchery, dessiné par Henri Armengol, et merveilleusement restauré par Thierry Mercier, un excellent infographiste créateur, avec son ami Benjamin Léva, des éditions Merle. Je les ai accompagnés tous deux dans la réalisation de cette superbe réédition qui sera disponible le 2 novembre prochain.
Quant aux projets d’Aquilonia Editions (qui a perdu l’accent sur le E en traversant l’Atlantique), ils passent d’abord par le Tarot de PAPUS, dont les travaux sur sa mise en couleurs selon la tradition du Rite maçonnique égyptien de Memphis-Misraïm (dont Papus était grand maître pour la France) ont commencé, puis la réalisation et la mise en couleurs du tarot de FALCONNIER.
Gageons que l’année 2023 se terminera sous de meilleurs auspices, et que 2024 marquera notre retour au plan international.
Photo : siège de WYAT LLC à Jackson, Wyoming. (Photo Google Earth)