
Fort des nombreuses connaissances sur les symboles qu’il avait accumulé depuis 35 ans, Oswald Wirth confia en 1922 à son imprimeur le manuscrit de son oeuvre maîtresse consacrée au tarot. Hélas, l’imprimeur perdit le manuscrit ! Il lui fallut le réécrire, et Le Tarot des Imagiers du Moyen-âge ne parut qu’en 1927.
Mais le tarot, lui, ne demandait plus qu’à être finalisé et imprimé, ce qui fut fait en 1926. Seulement, Stanislas de Guaita n’étant plus là pour en financer la réalisation, Wirth dut se contenter de les faire imprimer sur un papier fin, en planches, laissant aux utilisateurs le soin de les contrecoller sur un papier fort et de les découper. Ce fut là sa seule concession.
Les différences entre les deux tarots de Wirth nous apprennent beaucoup sur l’évolution de ses connaissances, et aussi sur l’évolution de la pensée ésotérique en France entre le dernier quart du 19e siècle et le premier quart du 20e. Ainsi, la Papesse qui, en 1889, évoque clairement Isis l’Égyptienne (peau sombre, colonnes noire et rouge), prend en 1926 le visage d’une européenne, tandis que les colonnes qui l’encadrent sont désormais bleue et rouge. C’est que, entre-temps, la maçonnerie d’inspiration égyptienne, dont Papus fut le Grand Maître en France, se fait plus discrète face au développement des rites “Écossais”.
Si les différences semblent n’être que de détails, ceux-ci sont tous importants. Ainsi, les mots “SOLVE” et “COAGULA” sur les bras du Diable retrouvent sur le tarot de 1926 la position qu’ils ont dans l’ouvrage d’Eliphas Lévi “Dogme et rituel de la Haute Magie”.

Mais c’est la présence d’une frise (dorée, sauf sur la lame n°2) qui rend le tarot de 1926 si particulier : Oswald Wirth y a glissé de nombreux indices des relations qui unissent les traditions symboliques. Ainsi, on trouve une couronne au-dessus de la tête du Bateleur : c’est Kether, la première Sephira de la Kabbale, qui vient répondre symboliquement à la forme en lemniscate de son chapeau. Au-dessus de l’Empereur, le Daleth phénicien devient le Delta qui, au centre de la Loge maçonnique et à l’Orient, domine la chaire du Vénérable Maître. Quant à La Force, elle est associée au signe astrologique du Lion, présent dans la frise en haut à gauche de la lame. Wirth ne s’étend pas sur ces symboles : il nous laisse les découvrir.
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