C’est en 1887 que Stanislas de Guaita proposa à Oswald Wirth de créer un nouveau tarot. Wirth réunissait des qualités importantes pour Guaita. D’abord, il savait dessiner ; ensuite, il s’était fait connaître comme un ardent défenseur de la Tradition. Sensiblement du même âge, ils s’accordèrent dès leur première rencontre.

Guaita confia à Wirth deux tarots, l’un français, l’autre italien, ainsi que le livre Dogme et rituel de Haute Magie d’Éliphas Lévi, dans lequel un important chapitre est consacré au tarot. “Il reste une oeuvre importante à faire : c’est de faire graver et de publier un Tarot rigoureusement complet et soigneusement exécuté’, écrit Éliphas Lévi dans son ouvrage. Guaita et Wirth vont s’en charger.
D’emblée, il n’était pas question de créer un jeu de 78 cartes dans l’esprit des tarots dits “de Marseille”. Eliphas Lévi ayant mis en évidence la relation entre les 22 Arcanes et les 22 lettres de l’alphabet hébraïque utilisés par les Kabbalistes, le tarot sera donc kabbalistique.
Dessiné par Oswald Wirth, il fut imprimé à 350 exemplaires en héliogravure par G. Poirel, qui sera aussi l’imprimeur de certains livres de Joséphin Péladan. La mise en couleurs fut faite au pochoir et au pinceau, comme en témoignent les traces de pinceau et les débords dont nous n’avons, dans notre réédition, retiré que les plus grossiers, pour laisser à l’ensemble son authenticité. Nous avons tenu à reproduire fidèlement le format, l’aspect, les couleurs et l’épaisseur des cartes avec les techniques modernes de l’impression offset, et avons pour cela utilisé une carte contrecollée fabriquée en Suède, composée de deux feuilles de 225 grammes au mètre carré collées dos à dos, pour donner à l’ensemble plus de rigidité, et de 520 microns d’épaisseur, comme les originaux de 1889 (soit une fois et demi l’épaisseur des cartes modernes).
Partant d’un tarot en excellent état, mais très jauni, fourni par le Musée du Tarot de Malines (Belgique), nous lui avons redonné ses couleurs d’origine. D’emblée, ses tons pastel tranchent avec d’autres, tels l’ancien tarot de Marseille de Paul Marteau.
Plus simple que le tarot que publiera Oswald Wirth en 1926, il témoigne déjà du souci de restituer les symboles et la signification profonde du Tarot dans leur pureté originelle.
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